Une chose vue n’est pas forcément la bonne. Ce que je vois pourrait parfaitement se distinguer autrement, sans changer de signifiant ni d’usage. Alors que nous avons tendance, en tant qu’humain, à définir telle chose selon sa forme et sa fonction, il suffit de la représenter d’une autre façon, pour qu’à nos yeux, son usage se transforme.
Qu’est-ce qui diffère alors la pipe de Magritte d’une pipe en bois ? Sa matière, son usage (celle de l’artiste, a priori, « ne peut pas se fumer ») et sa forme (l’une est un volume, l’autre un aplat de couleurs). Pourtant c’est bien du même objet dont il s’agit. L’usage définirait-il l’objet (son nom, sa fonction) ?
Car lorsque je regarde une pipe en bois et une pipe en peinture, c’est le même nom que je lui attribue.
Et si, de cette pipe, je n’en garde que ses contours ? L’objet est toujours une pipe.
Du nom, l’objet prend son sens, sa signification. De sa forme, il en tire son usage, sa fonction. Sans être nommé, l’objet n’existe pas.
Représenter alors un objet, un lieu, une matière ou une personne, seulement par ses contours, déstructure sa représentation en gardant sa signification et sa fonction potentielles.
Accepter de changer de point de vue selon ce que je vois, ce que je connais ; ce que je regarde, ce que je sais.